Merci à Mr Edgar Morin qui a autorisé la publication ce texte.
relevé sur la liste [transdisciplinarity] du Centre International de Recherches et Etudes Transdisciplinaires (Edgar Morin, membre fondateur )
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LA FRANCISATION À L'ÉPREUVE
"L’identité est l'union de l'identité et de la non identité"
Hegel
Les quatre naissances de la France
Les origines mythico-réelles de la France, telles que les enseignent les livres d'histoire pour écoliers, ont un caractère de complexité étonnant. La première naissance nationale reconnue est gauloise, et la Gaule, divisée jusqu'à la conquête romaine, se forme en s'unissant contre l'envahisseur. Ainsi Vercingétorix se fait reconnaître dans l'histoire future comme le premier héros national. Mais le moment de formation précède de peu le moment de la désintégration puisque Vercingétorix une fois vaincu et immolé, la Gaule devient romaine. Or, dans notre mythologie nationale, Rome n'est pas considérée comme la puissance ennemie occupante, mais comme la co-formatrice, dans l'intégration mutuelle des deux composantes, d'une seconde naissance, celle d'une entité nommée justement gallo-romaine, et la substance celto-gauloise absorbe en elle la latinité dans la langue et la civilisation.
A cette seconde naissance va succéder une troisième, cette fois mythologique, au coeur du chaos qui s'installe dans la décomposition de l'Empire romain, avec l'arrivée de vagues successive d'envahisseurs. Clovis est l'opérateur mythique de cette troisième naissance. Ce roi franc va donner ce nom à la France, nom qui va sembler fonder la francité face à la germanité, puisque Clovis est reconnu par les chroniqueurs ultérieurs comme le vainqueur des Alamans dans la bataille de Tolbiac (496); converti au christianisme et sacré à Reims, il apparaîtra comme le fondateur de la France chrétienne. En fait, ce n'est pas Clovis qui a battu les Alamans, la bataille n'a probablement pas eu lieu à Tolbiac, et les conditions de la conversion de Clovis ne semblent pas être le remerciement du guerrier au Dieu qui l'a rendu vainqueur. Enfin et surtout, les Francs étaient un peuple germanique dont la langue était telle. En fait Clovis opère la troisième naissance de la France en y intégrant la substance germanique et en y instaurant le christianisme.
La quatrième et véritable naissance a lieu en 987 avec le règne de Hugues Capet. Cette naissance est paradoxale, car c'est l'époque où le territoire est divisé en plusieurs fiefs en fait indépendants, du comté de Bretagne au duché de haute Lotharingie, du comté de Flandre au comté de Provence. Le territoire proprement royal ne couvre que l'Ile de France, l'Orléanais et la région de Senlis.
La francisation continue
La France s'est faite, à partir des rois capétiens, en francisant des populations non franciennes: le francien était le dialecte d'oïl de l'Ile de France et de l'Orléanais qui, en s'imposant et se surimposant sur les multiples autres dialectes d'oïl et d'oc, est devenu le français.
C'est dire que la France s'est constituée par un multiséculaire processus de francisation de peuples et d'ethnies extrêmement diverses, beaucoup plus hétérogènes que celles de l'ex-Yougoslavie par exemple, alors que la nation allemande s'est faite en unifiant des territoires germaniques et que l'Italie s'est faite en rassemblant des populations qui pour la plupart se sentaient italiennes.
La francisation ne s'est pas effectuée seulement en douceur, mais elle ne s'est pas effectuée seulement par la force. Il y a eu brassages et intégration dans la formation de la grande nation, sans que se perdent toutefois des identités devenues provinciales. L'identité française n'a pas impliqué la dissolution de l'identité provinciale, elle a effectué sa subordination, et elle comporte en elle l'identité de la province intégrée, c'est à dire la double identité.
Une idée certaine de la France
La Révolution française a apporté à la francisation quelque chose de plus que le fait accompli par l'histoire: elle a remplacé la fondation monarchique par une refondation républicaine: il y a substitution de souveraineté: le peuple s'accomplit souverainement en se proclamant "grande nation". La fête de la Fédération du 14 juillet 1790, est le moment où les représentants de toutes les provinces déclarent solennellement et symboliquement leur volonté d'être français. Dès lors la France incorpore, en sa nature même, un esprit et une volonté. La France, sans cesser de demeurer un être terrestre, devient un être spirituel et cela d'autant plus qu'avec le message de la déclaration des droits de l'homme, l'idée de France est une idée qui comporte désormais, dans sa singularité même, l'idée d'universalité. D'où cet amour que l'idée de France a inspiré à tant de proscrits, humiliés et persécutés dans le monde.
La polémique franco-allemande sur l'Alsace-Lorraine, au cours du 19ème siècle, affermit la conception spirituelle de l'identité française. Alors que l'Allemagne considère comme sienne cette terre germanique de langue et de culture, la France la reconnaît sienne par son esprit et sa volonté d'adhésion. C'est bien l'idée volontariste et spiritualiste de la France que la Troisième République fait sienne, et qu'elle fait triompher sur les idées de race, de sang, de sol que lui oppose le parti anti-républicain.
Car il y a tout au long du 19ème siècle deux polarités antagonistes désormais dans la notion même de France, la polarité nationaliste et la polarité patriotique. D'une part la conception d'une France monarchiste, catholique, xénophobe, d'autre part la conception d'une France républicaine, laïque, ouverte. Il a fallu la défaite de 1871, l'instauration de la République, et surtout la double victoire de la République laïque (séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905, réhabilitation du capitaine Dreyfus 1906) pour rejeter dans une opposition, furieuse mais vaine jusqu'en 1940, le parti réactionnaire dont du reste les trois composantes, monarchiste, catholique, xénophobe vont se dissocier.
La francisation par intégration d'immigrés
Aussi, dans le cadre intégrateur de la Troisième République, le 20ème siècle naissant va voir la francisation se poursuivre, mais de façon toute nouvelle, non plus à partir de territoires annexés ou ralliés, mais à partir d'immigrants venus des pays voisins. La France est alors le seul pays d'Europe démographiquement déclinant, où de plus les terres les moins fertiles sont abandonnées par leurs habitants. Cette situation attire les premières vagues d'italiens et espagnols. La troisième République institue alors les lois de naturalisation qui permettent aux enfants d'étrangers nés en France de devenir automatiquement français et facilitent la naturalisation des parents. L'instauration à la même époque de l'école primaire laïque, gratuite et obligatoire permet d'accompagner l'intégration juridique par une intégration de l'esprit et de l'âme. J'en témoigne: fils d'immigré, c'est à l'école et à travers l'histoire de France que s'est effectué en moi un processus d'identification mentale. Je me suis identifié à la personne France, j'ai souffert de ses souffrances historiques, j'ai joui de ses victoire, j'ai adoré ses héros, j'ai assimilé cette substance qui me permettait d'être en elle, à elle, parce qu'elle intégrait à soi, non seulement ce qui est divers et étranger, mais ce qui est universel. Dans ce sens, le "nos ancêtres les gaulois" que l'on a fait annoncer aux petits africains ne doit pas être vu seulement dans sa stupidité. Ces gaulois mythiques sont des hommes libres qui résistent à l'invasion romaine, mais qui acceptent la culturation dans un Empire devenu universaliste après l'édit de Caracalla. Dans la francisation, les enfants reçoivent de bons ancêtres, qui leur parlent en même temps de liberté et d'intégration, c'est à dire de leur devenir de citoyens français.
Le cas français est d'autant plus intéressant que la nation française, à la différence des autres, s'est faite par la francisation des régions non françaises. C'est à dire que le processus multiséculaire de la francisation est un processus fondamental lié à la France. Dans ce processus, la Révolution française a introduit dans le code génétique de l'identité française, l'idée d'universalité. Celle-ci ajoutée à l'idée de francisation donne une idée salubre de la Nation : c'est un esprit commun, c'est une volonté commune de ceux qui souhaitent être français.... Ce qui signifie que le ressourcement en terme français, quand il est pris dans cette logique historique, n'est pas un processus de rejet et de fermeture.
Il y a eu certes des difficultés et de très grandes souffrances et humiliations subies par les immigrés, vivant à la fois accueil, acceptation, amitié, et refus, rejet, mépris, insultes. Des réactions locales xénophobes, la permanence d'une très virulent antisémitisme n'ont pu toutefois empêcher le processus de francisation, et, en deux et au plus trois générations, les italiens, espagnols, polonais, juifs laïcisés de l'est et de l'orient méditerranéen se sont trouvés intégrés jusque dans et par le brassage du mariage mixte. Ainsi, en dépit de puissants obstacles, la machine à franciser laïque et républicaine a admirablement fonctionné pendant un demi-siècle.
Est elle rouillée aujourd’hui? Rencontre t'elle des problèmes nouveaux qu'elle ne peut résoudre? Ces questions se posent avec de plus en plus d'insistance.
Les difficultés nouvelles
Il y a eu, avons nous vu, une mutation dans la francisation quand celle-ci, au début du siècle, s'est effectuée non plus en provincialisant des territoires, mais en nationalisant des immigrés. Aujourd'hui, de nouvelles conditions semblent devoir appeler une seconde mutation.
Tout d'abord il y a l'exotisme de religion ou de peau chez de nombreux immigrés, venus des Balkans, du Maghreb, d'Afrique noire, d'Asie (Pakistan, Philippines, Chine). Il faut toutefois remarquer que la religion des immigrés cesse d'être un obstacle dès qu'il y a acceptation de la laïcité de la vie publique française, condition sine qua non de l'intégration, et cela a été le fait des juifs et des musulmans des précédentes générations, qui, comme les catholiques, ont pu garder à titre privé leur foi religieuse sans contrevenir aux lois de la cité. Il faut remarquer aussi que les noirs des territoires d'outre-mer sont déjà entrés dans la nationalité française, de même que des vietnamiens et chinois. Mais l'amplification du flux doit nous amener à concevoir qu'un caractère multiethnique et multiracial élargi devient un constituant nouveau de l'identité française, qui, comme déjà celle des pays d'Amérique du nord et du sud, va comporter en elle la possibilité d'intégrer dans son principe tous les constituants ethniques de la diversité planétaire.
En second lieu, nous sommes entrés dans une période de crise d'identité aux multiples visages. La double identité, provinciale et nationale, cesse d'être vécu de façon paisible dès lors que le courant d'homogénéisation civilisationnelle menace la première identité. D'où les réactions provincialistes de défense linguistique, culturelle et économique, voire même les virulences devenant nationalistes pour sauvegarder l'identité menacée. Un tel problème se pose également, bien que de façon différente, chez des immigrés qui veulent à la fois bénéficier de la modernité occidentale sans y dissoudre leur identité. Il ressort que l'identité française doit demeurer une double identité, et respecter désormais de façon attentive, y compris pour les français eux-mêmes, les diversités ethniques/culturelles, ce qui entraîne un dépassement du "jacobinisme".
En troisième lieu, le problème de la francisation se pose aujourd’hui dans le contexte d'une crise de la civilisation urbaine moderne. Le développement de l'agglomération et de la suburbanisation au détriment de la cité, la perte des solidarités et des convivialités, l'atomisation des individus, la chronométrisation de la vie, tout cela, qui frappe l'ensemble de la population française, encourage, chez les récents immigrés, le repli ghettoïque, la sauvegarde des solidarités d'origine, voire des liens tribaux, et, cela favorise, chez les adolescents des suburbains, qui, français d'origine ou non, constituent le maillon le plus faible de notre société, la constitution de bandes souvent ethniquement fermées sur elles-mêmes, ce qui constitue autant de freins supplémentaires à l'intégration. De toutes façons, la crise de la vie urbaine favorise les agressivités et les rejets qui, comme toujours, se fixent sur des bouc émissaires marginaux et allogènes; ainsi se fortifie la boucle causale où les hostilités s'entre-nourrissent les unes les autres.
En quatrième lieu, les tensions extrêmes qui, depuis la guerre d'Algérie jusqu'à la guerre du Golfe et le nouveau terrorisme intégriste, renaissent périodiquement entre le monde arabo-islamique et le monde européo-occidental, ne sont près d'être apaisées tant que la crise du Moyen-Orient, avec notamment le problème israélo-palestinien, pèsent de façon damocléenne sur notre avenir. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu conflit ouvert entre "communautés" en France durant la guerre du Golfe que tout est paisible à l'intérieur des esprits; la tension muette, mais craintive ou haineuse de part et d'autre, constitue une barrière invisible et forte à l'approfondissement de l'intégration des populations d'origine arabo-islamique. Le cas de Khaleb Kelkal illustre l'oscillation, chez bien des jeunes beurs pourtant nés en France, entre intégration, délinquance, terrorisme.
Enfin, les croissances démographiques du tiers monde et notamment en Afrique du nord, les prévisions économiques catastrophiques, non plus seulement pour ce tiers monde, mais aussi pour l'Europe orientale ont ramené les fantasmes des grandes invasions. La crainte de la ruée des immigrants pauvres du Sud et de l'Est dans une société vouée au chômage et menacée de crise crée un climat apte à favoriser les rejets aveugles. De toutes façons, si les économies occidentales demeurent prospères, il faut s'attendre à un accroissement des poussées migratoires anciennes et à l'apparition de poussées migratoires nouvelles. Ce qui pose le problème: le processus de francisation peut il s'amplifier au moment même où tant de conditions psychologiques, sociales et économiques sont défavorables?
Aux couleurs de la France
Tout d'abord, retirons tout critère quantitatif abstrait qui déterminerait le taux d'immigrants qu'une culture peut intégrer. Une culture forte peut assimiler un très grand nombre d'immigrés. Ainsi, depuis le début de ce siècle, une Catalogne de 2 Millions d'habitants a pu catalunyer 6 millions de non catalans. La force de la culture catalane était d'être une culture urbaine, dont la langue était parlée par la bourgeoisie et l'intelligentsia, et non une culture folklorique résiduelle des campagnes. La culture française est très forte. C'est une culture de villes, et qui comporte un système éducatif généralisé et puissant. C'est une culture publique et civique de caractère laïque, et c'est cette laïcité qui seule est capable d'intégrer politiquement et intellectuellement, donc alors d'accepter et accueillir les diversités ethniques. C'est la culture laïque qui constitue à la fois un des caractères les plus originaux de la France et la condition sine qua non de l'intégration de l'étranger.
Mais nous devons cesser de lier indissolublement jacobinisme et laïcité. Il faut au contraire lier l'abandon du jacobinisme à la régénération du laïcisme. Dès lors notre culture peut ouvrir davantage son universalité potentielle et accepter l'idée d'une France multiethnique et multiraciale, qui en s'ouvrant aux diverses couleurs de peau, demeurera aux couleurs de la France.
Fondés par une minorité anglo-saxonne puritaine, les Etats Unis, qui voient déferler sur eux les plus grands flux migratoires planétaires et qui voient en leur sein la promotion progressive du peuple noir, n'ont nullement perdu leur métabolisme national, qui est fondé sur les principes de leur Constitution, sur le rêve américain de réussite, et sur l'unification des moeurs, goûts, gestes, façons de parler qu'ont répandu le cinéma et la télévision. L'Amérique dispose d'une culture forte, qui lui est spécifique, et qui lui permet, en dépit d'énormes désordres, violences et iniquités, de métaboliser des immigrants de toutes origines et fabriquer des américains. La France est différente, mais son statut se trouve entre celui des autres pays européens, qui longtemps pays d'émigrants, ne savent pas intégrer leurs immigrés, et celui des Etats Unis, pays d'immigration par nature. La France s'est faite et s'est développée dans et par la francisation permanente, commencée par Hugues Capet et poursuivie par une histoire millénaire.
Le problème n'est donc pas, dans son principe, celui de la quantité d'immigrants. Le problème est celui du maintien de la force de la culture et de la civilisation française. Il est inséparable du problème à la fois fondamental et multidimensionnel que pose le devenir de la société française.
Nous avons dit que la culture urbaine et l'éducation sont des facteurs fondamentaux de la francisation des immigrés. Mais la ville est en crise, l'éducation se sclérose. Le délabrement de civilisation est à la fois le problème de fond de notre civilisation et le problème de fond de la francisation.
Une culture forte peut intégrer, mais dans des conditions de développement, non de crise économique et morale. Tout est lié aujourd’hui: politique, économie, civilisation. On commence à voir le lien entre ville/banlieues/logement/atomisation/jeunes/drogues/ immigrés/ chômeurs, bien que chacun de ces problèmes comporte sa spécificité.
Avicenne, à la suite d'Hippocrate, disait qu'il faut traiter les causes d'une maladie et non ses symptômes. Mais il disait aussi que quand le malade est au plus mal, il faut traiter d'urgence les symptômes. Aussi, il est aujourd’hui nécessaire de réduire les symptômes (logements, crédits, loisirs, sports, etc.), mais il ne faut pas pour autant oublier les problèmes de fond, qui nécessitent l'élaboration d'une politique de fond: une politique de civilisation.
Une politique de civilisation viserait à régénérer les cités (c'est à dire à désagglomérer), à régénérer l'éducation; elle viserait à réanimer les solidarités et à susciter ou ressusciter des convivialités. Ces quelques orientations ne formulent pas des solutions, elles indiquent la nécessité de penser ces problèmes de fond, qui demeurent d'autant plus en creux qu'ils sont recouverts de paroles creuses; elles indiquent une direction.
Il ne faut pas exclure l'hypothèse que nous soyons submergés par des crises en chaîne, et qu’alors des régressions économiques, sociales, politiques entraîneraient l'arrêt de la francisation. Une progression économique, sociale ou politique comporterait au contraire d'elle-même la poursuite de la francisation.
Enfin, il est nécessaire de situer le problème de l'immigration dans son contexte européen. Tous les pays d'Europe sont aujourd’hui en crise démographique, tous les pays occidentaux et nordiques comptent des populations immigrées. Le modèle français de naturalisation et d'intégration scolaire pourrait donc devenir un modèle européen, qui permettrait à l'Europe de rajeunir démographiquement et d'assumer sa nouvelle et future condition de province planétaire. De plus il est possible d'envisager une citoyenneté européenne, qui permettrait aux immigrants de provincialiser leur pays d'origine extra-européen, tout en accédant à une multi-identité nouvelle. Et, même au sein de cette conception européenne, l'originalité française demeurera, puisque, répétons le, l'histoire de France se confond avec l'histoire de la francisation.
Ici encore, la prospection d'un avenir nécessite le retour aux sources. D'où notre conviction: continuer la France millénaire, la France révolutionnaire, la France républicaine, la France universaliste, c'est aussi continuer la francisation. C'est continuer l'originalité française dans l'intégration européenne. Mais une telle continuation comporterait métamorphose. Elle nécessiterait une profonde régénération de civilisation. La route sera longue, difficile, aléatoire, et il y aura encore du sang et des larmes.
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